Bienvenue dans le numéro 88 de Call to Comms!
L'équipe de TSF à Mayotte a rencontré Yassira le 24 décembre lors d'une opération de TSF en réponse au cyclone Chido. Elle a accepté de partager son histoire avec nous pour aider à mieux comprendre la situation après le cyclone et l'importance de la communication dans une telle situation.
Que s'est-il passé lorsque le cyclone a frappé ?
" Lorsque le cyclone a frappé, la première chose quenous voulions savoir était si tout le monde était en vie. Nous n'avions aucun réseau. Nous avons dû attendre environ quatre jours avant d'apprendre qu'il y avait un réseau aumagasin Sodicash. Il s'est éteint petit à petit. Après cela, tout le monde a attendu à la maison, mais de temps en temps, nous allions voir s'il y avait un réseau plus loin".
Comment avez-vous réussi à passer des appels ?
Certains sont allés à la capitale. Mais il faut pouvoir s'y rendre ! Parce que si on n'a pas d'essence, eh bien, c'est quasiment impossible. Je connais des gens qui ont marché jusqu'à Mamoudzou[la principale ville de l'île, à 4h30 de marche de Tsingoni] ou Iloni pour trouver un point de connexion et rassurer leur famille.
Je connais des membres de ma famille qui vivent à Saint-Ghislain, qui ont marché plusieurs kilomètres et qui ont parfois été pris en stop, déposés quelque part - mais vraiment, les premiers jours, tout le monde s'est concentré sur savoir si les personnes étaient en vie.
"Nous voulons nous connecter, mais il n'y a pas d'électricité.
Avez-vous des 4G ici après le cyclone ?
[Nous recevons des messages mais nous ne pouvons pas répondre, parce que c'est trop lourd ou quelque chose comme ça. Ce qui se passait, c'est que dès que nous essayions de répondre, il n'y avait pas de réseau. On ne pouvait pas l'envoyer, c'était difficile.
Nous essayons d'être attentifs, d'autant plus qu'il s'agit d'un cercle vicieux : nous voulons nous connecter, mais il n'y a pas d'électricité.
Comment rechargez-vous vos téléphones sans électricité ?
Il y a un monsieur là-bas, le camion rouge, il laisse tourner l'essence, en fait c'est un moteur - je pense à un moteur électrique, quelque chose comme ça, je ne sais pas - mais en tout cas, tous les jours il le laisse tourner, pour que les gens puissent recharger leurs téléphones et leurs appareils.
Je ne sais pas à quoi ressemble son visage, mais franchement, la première fois que j'ai vu ça, je me suis dit "comment peut-il avoir un si bon cœur pour faire ça?". Parce qu'il faut quand même aller chercher de l'essence, régulièrement, s'il y a des gens qui sortent, la commune va aller chercher leur téléphone, leur ordinateur, tout ce genre de choses, donc l'essence va s'épuiser rapidement.
Êtes-vous d'accord pour que votre témoignage soit partagé ?
Oui, je trouve que c'est intéressant de voir qu'on s'intéresse à nous et que les choses bougent un peu. On se sent moins perdu, même si c'est vrai qu'il n'y a pas toujours de réseau, et grâce à vous on va en avoir un peu plus."
Rendez-vous dans deux semaines !
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