Qu'est-ce que le Darién Gap ?

Le Darién Gap est une zone de 96 kilomètres située au carrefour entre l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale.

Ces dernières années, ce petit passage est devenu un point de point de passage migratoire pour les personnes en quête d'un refuge en Amérique centrale et en Amérique du Nord.

Qu'est-ce qui rend le Darién Gap si dangereux ?

Principalement composé de «jungles denses,demontagnes escarpées etde vastes marécages », le Darién Gap est particulièrement mortel pour les personnes en déplacement. En fait, il est considéré comme l'une des routes migratoires les plus dangereuses au monde.

Pour poursuivre leur voyage vers le nord, les migrants doivent effectuer un marche d'une semaine dans un environnement très difficile. La plupart d'entre eux inexpérimentés et mal équipés pour ce voyage, ils sont confrontés à des difficultés périlleuses et souvent mortelles, aggravées par la violence des gangs, la traite des êtres humains et une forte exposition aux maladies. Les conditions de sécurité sont mauvaises, en particulier pour les femmes et les filles qui sont particulièrement exposées aux violences sexuelles.

Gabriela, une femme de 52 ans originaire du Venezuela, a raconté son expérience de la traversée du Darién Gap lors d'une interview accordée à TSF dans un refuge mexicain en 2021. Elle affirme que la traversée du Darién a été la partie la plus difficile de son voyage.

« Nous ne savons pas combien de personnes y ont trouvé la mort. Il s'agit avant tout de survie. Imaginez votre pire cauchemar : multipliez-le par dix. C'est ça, le Darien. Personne ne vous dira jamais quoi que ce soit de positif sur son expérience là-bas. Personne. »

Qui sont les migrants qui risquent leur vie pour traverser le Darién ?

Le nombre croissant de traversées au Darién est dû au renforcement de la sécurisation des frontières et aux restrictions gouvernementales, obligeant les personnes déplacées à emprunter des voies de migration non officielles, et beaucoup plus dangereuses.

Le nombre de migrants qui risquent leur vie pour traverser le Darién Gap bat chaque année de nouveaux records. En 2023, un nombre record de 520 000 migrants l'ont traversé.

Les origines des personnes qui tentent ce voyage sont de plus en plus diverses et les risques auxquels ils sont exposés deviennent de plus en plus dangereux. À mesure que la nature de la migration évolue, le nombre d'enfants qui tentent la traversée augmente également de façon spectaculaire, avec plus de 30 000 enfants en mouvement ont traversé au cours des quatre premiers mois de 2024.

Risques croissants liés à la désinformation

Beaucoup de personnes qui tentent ce voyage ne sont pas pleinement conscientes des risques qu'elles prennent. Le manque d'informations officielles empêche les migrants de comprendre pleinement les dangers de cette traversée.

Certaines personnes ont tenté de combler ces lacunes en matière d'information en partageant leurs propres expériences sur les réseaux sociaux. TikTok, Instagram et WhatsApp sont de plus en plus utilisés comme canaux collaboratifs pour partager des informations sur le voyage.

Bien que ces vidéos permettent de comprendre dans une certaine mesure ce qui se passe, elles ne reflètent que des expériences passées réussies. Elles ne peuvent donc jamais montrer toute la réalité de la traversée, ni rendre compte du poids psychologique que représente ce voyage.

Cela soulève une préoccupation importante en termes de désinformation. Les informations partagées sur les plateformes en ligne sont rarement, voire jamais, vérifiées, ce qui expose les populations déplacées au risque d'entreprendre un dangereux voyage migratoire dont elles pourraient ne pas réchapper.

Le travail de TSF en Amérique latine

La désinformation est le thème central abordé par projet de diffusion d'informations de TSF en Amérique latine. Dans les refuges situés le long des principales routes migratoires en Colombie, au Guatemala et au Mexique, TSF travaille en collaboration avec les refuges pour migrants afin d'informer les communautés déplacées de leurs droits, en leur communiquant des informations officielles et fiables provenant de plusieurs ONG humanitaires.

Le contenu affiché dans les refuges est constamment mis à jour et amélioré afin de fournir aux migrants les informations les plus utiles et les plus récentes concernant la sécurité des itinéraires migratoires, les droits de l'homme, les changements législatifs, la santé, l'éducation et bien d'autres sujets. 

Récemment, des informations sur la santé mentale ont été ajoutées, ce qui est particulièrement important pour les personnes qui ont survécu au Darién Gap. L'année dernière, 86 % des personnes ont signalé une amélioration psychologique après avoir accédé à ces informations.

L'accès à un contenu de qualité permet aux personnes déplacées de prendre des décisions plus éclairées et ainsi de retrouver espoir en leur avenir.

« Donner des informations aux gens les aide à savoir quoi faire et où aller, leur permet de gérer les choses. »

– Responsable d'un refuge en collaboration avec l'OIM à Tijuana, en Basse-Californie.