Le tremblement de terre catastrophique qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février 2023 a nécessité des efforts de secours à l'échelle nationale et internationale. Les opérations sur le terrain ont nécessité une collaboration pour tenter de faire face à cette catastrophe. Ceux qui lisent notre nouvelle newsletter The Call to Comms savent que la collaboration entre les organismes humanitaires internationaux et locaux est un sujet qui nous tient à cœur. Les questions que nous nous posons constamment sont les suivantes : comment mieux faire face aux situations d'urgence ? Et quelles mesures pouvons-nous prendre pour mettre en place une réponse stratégique solide ? Essayons donc d'y répondre.

Une réponse stratégique

Fin 2022, avec le soutien de la Fondation Internet Society, une équipe de Télécoms Sans Frontières (TSF) a organisé un atelier sur les télécommunications d'urgence avec l'agence intergouvernementale régionale CDEMA (Caribbean Disaster Emergency Management Agency) à la Barbade. Notre mission là-bas, et pour l'ensemble du projet, était simple : mettre en place une réponse meilleure et plus stratégique aux catastrophes naturelles en partageant notre expérience avec les acteurs locaux. Ce fut un succès, sur lequel nous nous appuyons actuellement en Asie du Sud-Est, où notre équipe se trouve actuellement, pour une nouvelle série de formations.

L'objectif du projet est de renforcer les capacités régionales en matière de télécommunications d'urgence. TSF fournira du matériel, formera des équipes et créera et renforcera des partenariats. L'idée est d'intégrer les télécommunications dans la réponse stratégique régionale aux situations d'urgence. Grâce à leurs compétences techniques, les équipes pourront utiliser le matériel que nous leur avons fourni et ne dépendront donc plus d'une intervention extérieure en cas d'urgence. En bref, il s'agit d'autonomie et de résilience communautaire.

Nous espérons que ces ateliers permettront également de créer un réseau d'intervenants dans le domaine des télécommunications. Sébastien Gillet, spécialiste des TIC et formateur technique pour cette mission, nous en dit plus à ce sujet.

Sébastien Gillet, spécialiste des TIC, parle des réseaux d'acteurs humanitaires et du renforcement des capacités.

Les organisations locales connaissent mieux les politiques, les autorités et les contacts utiles de leur région. Elles constituent donc des points de contact idéaux pour obtenir des informations fiables sur la région, telles que l'état des besoins en matière de connectivité après une catastrophe naturelle.

Enfin, la mise en place d'une capacité régionale de télécommunications permettra de participer à la réponse initiale en cas d'urgence, ce qui renforcera la résilience de la communauté et conduira à une réponse globale plus rapide et plus efficace aux situations qui l'exigent.

Chez TSF, nous sommes convaincus de l'efficacité de cette approche grâce à l'expérience acquise. Par exemple, lors du typhon Haiyan en 2013, un réseau similaire de répondants régionaux en télécommunications issus d'ONG avait été formé au préalable et était prêt à faire face au typhon. Cela nous prouve que la création d'un réseau d'acteurs humanitaires fonctionne.

La plupart des ONG ne seraient pas en mesure d'avoir des points de contact dans tous les pays exposés à des risques de catastrophes naturelles. En se concentrant sur une région géographique et en collaborant avec les agences intergouvernementales locales, les ONG peuvent apporter une réponse plus large. Mais comment savoir quels sont les pays les plus exposés en cas de catastrophe d'urgence ?

Face aux catastrophes

En donnant la priorité aux pays les plus exposés, les organisations peuvent mieux identifier les opportunités pour renforcer la résilience. Le Cluster des télécommunications d'urgence (ETC) dispose d'une méthode pour déterminer quels pays bénéficieraient le plus de projets de préparation dans le domaine des télécommunications. L'ETC illustre cette méthode avec Haïti, un pays sujet aux catastrophes naturelles, comme le tremblement de terre de 2021 qui a fait plus de 1 900 morts et 10 000 blessés.

TSF en Haïti, 2021.

Grâce à la préparation aux situations d'urgence, nous pouvons renforcer la résilience des communautés et développer des réseaux humanitaires. Les crises telles que les crises économiques, le changement climatique et les conflits nécessitent des réponses à plus long terme. Une stratégie pour faire face à ces crises longues et complexes consiste à collaborer avec d'autres acteurs humanitaires et à mettre en place des réponses durables à long terme avec les organisations locales.

La nouvelle façon de travailler

La stratégie de collaboration à long terme visant à accroître la résilience s'inscrit dans le cadre de la nouvelle méthode de travail. L'OCHA la définit comme « un travail mené sur plusieurs années, fondé sur l'avantage comparatif d'un large éventail d'acteurs, y compris ceux qui ne font pas partie du système des Nations Unies, en vue d'obtenir des résultats collectifs ».

L'un des objectifs de cette nouvelle méthode de travail, qui consiste à inclure « divers acteurs », est de mettre en œuvre des projets durables, en tenant compte des pratiques nationales et de l'expertise des organisations locales.

Conclusion

La collaboration entre les acteurs humanitaires, qu'ils soient locaux, régionaux ou internationaux, nous donne l'occasion de repenser l'action humanitaire d'urgence, grâce à des contacts établis et des liens solides. Grâce au partage d'expertise et d'équipements, la collaboration peut constituer la prochaine étape pour mieux répondre à des crises de plus en plus complexes, en travaillant ensemble pour faire face à ces situations.