Au cours des six premiers mois de l'année 2024, le gouvernement mexicain a signalé autant de cas de migration que durant toute l'année 2023. Les hommes, les femmes et les enfants sont de plus en plus nombreux à fuir leur pays en quête de sécurité en Amérique latine, tentant d'échapper à la violence, à la pauvreté, aux menaces et à bien d'autres choses encore. 

TSF est l'une des ONG internationales présentes sur le terrain avec des refuges partenaires en Colombie, au Guatemala et au Mexique. Notre équipe régionale a partagé le contexte et les informations pour expliquer ce qu'a été la crise humanitaire en Amérique latine au cours de ces derniers mois.

Une crise humanitaire complexe 

Pour atteindre leur destination, la plupart des migrants en situation irrégulière entrent en Colombie par la frontière avec le Venezuela et l'Équateur, et nombre d'entre eux empruntent des itinéraires dangereux. La brèche du Darién est l'une d'entre elles, une traversée de soixante miles entre la Colombie et le Panama dans des conditions extrêmement difficiles et violentes que les migrants n'ont pas d'autre choix que de faire à pied. La désinformation en ligne et hors ligne est l'un des risques auxquels les gens sont confrontés lorsqu'il s'agit de la brèche du Darién: nombreux sont ceux qui ne sont pas conscients des dangers.

Les nouvelles politiques de contrôle des frontières au Mexique et aux États-Unis ont créé un climat de peur et de vulnérabilité chez les migrants. Cela les pousse à emprunter des itinéraires plus dangereux, ce qui se traduit souvent par des abus, de l'exploitation et des décès. 

Lorsque les gens atteignent le Mexique, ou sont sur le point de le faire, ils restent dans les villes frontalières. Ces villes doivent fournir des services de base à de grands groupes de personnes déplacées qui vivent souvent dans des conditions difficiles, dans des abris surpeuplés ou dans la rue. Ces villes sont également confrontées à la menace du crime organisé qui exploite les migrants par l'extorsion et la traite des êtres humains. 

Un migrant colombien, qui a trouvé refuge dans l'un des centres d'hébergement partenaires de TSF au Mexique, a fait part de son expérience :

"Sur le chemin, il y a beaucoup de violations des droits. Les autorités nous traitent mal, certaines prennent nos documents et nous demandent de l'argent. Il y a beaucoup d'insécurité dans le passage du Darién".
Le fossé du Darién et le danger de la désinformation
"Imaginez votre pire cauchemar : 10 fois pire. C'est le Darien".

Quel est le rôle de la technologie dans cette crise ?

Les gens utilisent beaucoup la technologie lorsqu'ils sont déplacés - pour trouver leur chemin, contacter leurs proches, accéder à l'information et aux ressources, et bien plus encore. Pour beaucoup, la technologie est un besoin important, juste après la nourriture et les vêtements. 

CBP One

En Amérique latine, l'application mobile "CBP One" du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a rendu presque impossible pour les demandeurs d'asile d'atteindre leur destination sans recourir à la technologie. Les demandeurs d'asile doivent utiliser l'application pour prendre un rendez-vous nécessaire à leur entrée aux États-Unis. Cependant, l'application a connu de nombreux problèmes, frustrant et ralentissant les processus pour beaucoup.

Il y a également de la désinformation et des escroqueries sur l'application - des personnes demandent de l'argent pour s'inscrire à des rendez-vous, pour obtenir de l'aide dans l'utilisation de l'application, etc. 

Désinformation

Lorsque les gens essaient de trouver des ressources et des informations sur leur situation, qu'il s'agisse des procédures administratives de demande d'asile ou des itinéraires sûrs à emprunter, ils risquent de tomber sur des informations erronées, de faire face à un surplus d'informations qu'il est difficile et stressant de traiter, voire de fausses informations qui peuvent les mettre dans des situations dangereuses

TSF fournit des informations essentielles et fiables sur ces sujets et sur la manière de se protéger le mieux possible. Une jeune femme guatémaltèque vivant dans l'un des centres d'accueil partenaires de TSF nous a fait part de son besoin d'information et de l'impact de celle-ci sur sa vie :

"Les informations ont eu un grand impact sur moi, car il y a des choses que je ne savais pas et cela a influencé les décisions que j'ai prises lorsque je suis arrivé au refuge. Elles ont clarifié de nombreuses inquiétudes que j'avais et cela m'a aidé à attendre et à faire la demande de statut de réfugié".

L'action de TSF

TSF travaille avec des dizaines de responsables d'abris pour afficher des informations essentielles sur des écrans télécommandés et connectés en Colombie, au Guatemala et au Mexique. En 2024, plus de 19 000 personnes déplacées ont bénéficié chaque mois des informations affichées.

Au cours du premier semestre 2024, 81 % des personnes ayant accédé à l'information se sont senties plus en sécurité. 51,5 % ont pris des décisions importantes grâce à ces informations: l'équipe latino-américaine de TSF a établi un lien entre les informations et les actions concrètes démontrées, telles que le droit de recevoir une assistance psychologique sur les lignes téléphoniques publiques.

"Je me sens en sécurité parce qu'il s'agit d'informations fiables et que je pense qu'elles contribuent à prévenir les dangers.

Une femme hondurienne dans un refuge.

Les informations sont organisées en sections spécifiques, conçues de manière à être claires et faciles à comprendre, et adaptées à différents publics susceptibles d'avoir des besoins différents. TSF sélectionne et adapte des informations fiables sur des sujets d'actualité, tels que l'apprentissage de l'utilisation du CBP One. Une section est consacrée à la "prévention, l'exploitation et la dénonciation" afin de permettre aux personnes déplacées de prendre des décisions éclairées pour rester en sécurité

Au cours des six premiers mois de 2024, l'information a eu un impact positif sur 90 % des personnes qui l'ont lue.